|
Philippe Loutrel est l'auteur de cette note technique. Pour tout renseignement,
vous pouvez le joindre par email info@tollis.com
ou téléphone +33 6 11 18 93 28 .
Il peut être intéressant de relever les caractéristiques d'un arbre
à cames (ac) ainsi que son calage par rapport au vilebrequin pour plusieurs
raisons:
-
identification de l'ac si le moteur n' est pas de
première main
-
vérification des caractéristiques avant un achat
-
vérification du calage réel prenant en compte les
jeux dus à l' usure
-
et enfin par simple curiosité et goût de la compréhension
pour un amateur de mécanique!
Rappel de notions de base :

-
Levée :
La levée est égale à OD - OC. Elle est calculable approximativement
en mesurant au pied à coulisse CD et AB puis effectuant la différence
CD - AB . Cette mesure n'est pas précise car ,en général, OA est légèrement
supérieure à OC et on trouve une levée inférieure de quelques dixièmes
de millimètres à la levée réelle.
-
AOE Avance à l'Ouverture de l'Echappement :
C'est le nombre de degrés de rotation du vilbrequin entre le début
d'ouverture de la soupape d'échappement, et le point mort bas en fin
d'explosion PMBex.
-
RFE Retard à la Fermeture de l'Echappement :
Retard de fermeture de la soupape d'échappement après le point mort
haut en fin d'échappement PMHech.
-
AOA Avance à l'Ouverture de l'Admission :
Avance de l'ouverture de la soupape d' admission avant ce même PMHech.
Le croisement de l'ac est égale à AOA + RFE, nombre de degrés pendant
lequel les deux soupapes sont ouvertes en même temps.
-
RFA Retard à la Fermeture de l'Admission
Retard de fermeture de la soupape d' admission après le point mort
bas en fin d'admission PMBadm.
Exemples avec moteurs de la série 1600 :
Plus un moteur est "pointu" moins son ac l'est ! En
effet, pour obtenir de grandes valeurs de AOA, RFE ... et ainsi améliorer
le remplissage à haut régime, les cames d'un moteur poussé ont un profil
nettement plus carré que celles d' un moteur standard. Ceci est visible
à l'oeil -nu quand les deux ac de l'exemple ci-dessus sont placés cote
à cote. L'usage voulant cependant que l'on parle d'ac "pointu" dans
le cas d'un moteur poussé au moins sommes nous maintenant conscients
du problème !
D'autre part, plus les valeurs de AOA et RFE sont importantes, plus
la période de croisement des soupapes est longue. Ceci est avantageux
à haut régime, au détriment du fonctionnement à bas régime.
L' étude du profil des cames en fonction des accélérations maximales
tolérables par l'ensemble poussoir+tige+culbuteur+ressorts+coupelle+soupape
est complexe et ne sera pas abordée ici. (Voir à ce sujet un excellent
ouvrage La Préparation des moteurs, Patrick Michel, ETAI)
Relevé d'un arbre à cames déposé :
Outillage minimum:
Deux supports en Vé sur lesquels peut tourner l'ac, un comparateur au
1/100mm avec pied (250F l'ensemble) et un disque gradué de 0 à 360 degrés
de diamètre 10cm minimum. Ce disque est collé en bout d'ac avec de la
pâte à joints, centré sur l'axe, de l'ac mais dans une position angulaire
quelconque. Un index, en fil de fer par exemple, est placé sur un support
à proximité du disque pour lire les degrés. La tige du comparateur est
positionnée au dos d'une came, disons d'échappement , à la verticale
de l' axe de l'ac: on s'en assure en faisant glisser légèrement la tige
du comparateur de part et d'autre du dos de came et en s'arrêtant quand
la lecture est maximale.
Le cadran du comparateur est calé à zéro. On fait tourner l'ac de 5°
en 5° et on relève une courbe en forme de cloche.
La première vérification à effectuer est que l'on a bien (AOE + 180°
+RFE) /2 entre les points de levée 19/100mm à la montée et à la descente
pour les exemples ci-dessus :
On divise par 2 car les angles AO et RF sont en degrés
de vilbrequin et à 2 tours de vilbrequin correspond un seul tour d'ac.
La levée de 19/100mm provient du "jeu théorique" de
30/100mm à la soupape ce qui compte tenu d'un rapport de culbuteur de
1.6 (moteurs 1600) donne 30/1.6 = 19.
-
-
En résumé, les angles AO et RF sont toujours donnés en degrés de rotation
de vilbrequin et associés à un jeu conventionnel théorique aux soupape
.Ce jeu peut varier suivant les ac et n' est pas lié aux jeux réels
de réglage des culbuteurs.
Après la courbe d'échappement on passe au relevé de la courbe d'admission
du même cylindre. Elle est de profil identique à la courbe d'échappement
et les deux courbes se coupent exactement au PMHech.
Les courbes présentent un axe de symétrie vertical ,situé à 105° de
part et d'autre du PMHech pour les ac de l'exemple(en observant l'ac
on constate bien que les deux cames d'un même cylindre font un angle
supérieur à 90°).
On notera que la pente du début (ou de fin) de la courbe est faible.
Cette portion est appelée courbe de silence. Une rotation de plusieurs
degrés ne produit qu' une faible levée(5°ac pour 6/100mm). Une petite
imprécision sur la levée entraîne une grande imprécision sur les degrés
de rotation. On en reparlera plus loin.
On reprendra le tracé de la courbe de façon plus fine dans cette partie,
par exemple de 0 à 40/100 de levée à raison d'un point par 1/100mm.
On notera aussi que la courbe est plate en son sommet sur plusieurs
degrés de rotation indiquant ainsi que la pointe de la came est un
arc de cercle. Un jeu excessif aux soupape se représente par une montée
de l' axe horizontal, c'est à dire une diminution de toutes les valeurs
AO et RF ainsi que de la levée , d'où une perte de performances.
Une fois les deux courbes relevées, on trace le PMHech à leur intersection
et par décalages successifs de 180° vers la droite, les PMBadm, PMHex
et PMBex.
Relevé sur le bloc moteur culasse déposée
:
-
La tige du comparateur est réglée perpendiculaire
au plan du joint de culasse. Le disque gradué est collé sur la poulie
en bout de vilbrequin ou, de préférence, sur le volant moteur si celui-ci
est accessible.
-
Pour les moteurs 1600, les courbes relevées sont identiques
à celles ci-dessus mais en avance de 25°(ac) par rapport au point
mort du repère de la poulie de vilbrequin : la raison en est l'inclinaison
de 25° des poussoirs dans la culasse , nécessaire à l'alignement avec
les tiges de culbuteurs .
Relevé culasse en place :
-
La tige du comparateur est réglée parallèle à la queue
de soupape et repose sur la coupelle du ressort à proximité du nez
de culbuteur. La soupape étant en position fermée (poussoir sur le
dos de came), on supprime le jeu de fonctionnement avec la vis de
réglage du culbuteur en imposant même une légère ouverture de 1/10mm
environ à la soupape .
Le cadran du comparateur est calé à zéro. Le PMH est repéré à la poulie,
ou mieux, par deux mesures au comparateur à l'aide d'une pige dans
un trou de bougie: on note les angles correspondants respectivement
à 1 mm avant et après le PMH. La bissectrice fournit la position angulaire
exacte du PMH.
On relève les courbes avec un point tous les 5° avec une attention
particulière lorsqu'on atteint le jeu théorique soit 30/100mm de descente
à la soupape .Et là, surprise ! Ce relevé culasse en place fournit
deux courbes très différentes, englobant largement les précédentes,
avec comme seules parties communes le début, le maximum et la fin.
L'explication provient de la position du point de contact de la came
avec le plateau du poussoir : la levée du plateau lp est toujours
supérieure (ou égale) à la levée lc mesurée précédemment, c'est à
dire à la verticale de l'axe de l' ac.

La différence entre lc et lp peut être de du simple
au double vers le milieu de la montée (ou de la descente). Les accélérations
réelles pendant l'ouverture et la fermeture sont donc bien supérieures
à ce que l' on aurait déduit de l'examen des seules courbes relevées
directement sur l'ac.
Un piège à éviter :
Ne jamais effectuer un relevé culasse en place en réglant
le jeu théorique (ici 30/100) avec une cale entre soupape et culbuteur
car on trouve alors systématiquement des AO et RF trop faibles, le jeu
réel étant toujours supérieur au jeu théorique. Les causes d'erreur
sont en effet multiples :
Jeu lié à l'usure du culbuteur sur son axe
Articulations entre poussoir, tige et culbuteur de
profil complexe et variable avec la hauteur de levée
Inclinaison importante et variable de la tige par
rapport à l'axe longitudinal du culbuteur ,en particulier celui d'
admission
Trajectoires circulaires de faible rayon pour les
deux extrémités du culbuteur
Profil du nez de culbuteur attaquant la queue de soupape
...
et il reste la cause principale d'erreur qui est l'appréciation très
suggestive du niveau de serrage de la cale: " gras ", " juste serrée
", " serrée ", " très serrée "... on évolue dans un flou qui se traduit
par un excès de jeu typiquement compris entre 5 et 10/100mm.
Or 10/100 dans la rampe de silence correspondent à plus de 12° de
vilbrequin, pratiquement la différence entre les ac des moteurs 138cv
et 160 cv de l'exemple.
On comprend maintenant la raison de la mise en ouverture des soupapes
d'environ 1/10mm avant les mesures : il n'y a plus de jeu à "régler"
avec des cales d'épaisseur et de plus les came, poussoir, tige, culbuteur
et queue de soupape restent en contact permanent pendant toute les
mesures, ce qui élimine, ou minimise, plusieurs sources d'erreur.
Si l'on dispose d'un deuxième comparateur avec pied, il est intéressant
de le monter sur l' extrémité du culbuteur, coté tige, et parallèle
à celle-ci. Pour un angle donné, en divisant les valeurs lues sur
chaque comparateur, on en déduit le bras de levier du culbuteur (1.6
en théorie).
Pour les faibles levées (< 50/100) il est surprenant de constater
que cette valeur évolue de 1.2 à 1.6, probablement en raison des sources
d'erreurs énumérées ci-dessus.
Calage de distribution :
Outre la connaissance des caractéristiques de l' arbre à cames, le
relevé sur culasse permet de vérifier le calage de la distribution
en conditions réelles : tous les jeux dus à l'usure sont pris en compte,
ainsi que les éventuels défauts de positionnement à la fabrication
des quatre rainures de clavette usinées dans l'ac, le vilbrequin et
leur pignons respectifs. En effet, à un décalage de 15/100mm sur la
rainure de clavette de l'ac correspond environ 2° de vilbrequin.
On profitera de la présence du comparateur pour ''s'étalonner'' sur
les appréciations de serrage de la cale (réglage classique du jeu
de fonctionnement). On découvrira alors qu'un jeu réel correct correspond
à un passage de cale entre culbuteur et queue de soupape plus que
ferme.
Conclusion :
Ce qui précède permet d' apprécier l'importance d'un
bon réglage du jeu aux soupapes : quelques centièmes en trop et ce sont
de précieux(et chers) degrés d' avance à l' ouverture et de retard à
la fermeture qui sont perdus, peut être à l'avantage de la pollution
mais certainement au détriment des performances !
|
|